Endométriose VS Perte de poids – Ma pathologie expliquée

L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique qui touche la santé reproductive et la qualité de vie d’un grand nombre de femmes en âge de procréer. Reconnue depuis peu comme un enjeu majeur de santé publique, elle représente une cause fréquente de douleurs pelviennes et d’infertilité (INSERM, 2023).

L’endométriose se définit par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine, appelée endomètre, en dehors de la cavité utérine (HAS, 2024).

Normalement, ce tissu tapisse l’intérieur de l’utérus et se renouvelle à chaque cycle menstruel sous l’influence des hormones. Lorsqu’il se développe de manière ectopique (à un endroit anormal), par exemple sur les ovaires, les trompes de Fallope, le péritoine ou les organes voisins (vessie, intestin), il réagit également aux variations hormonales.
Ces implants endométriaux s’épaississent, saignent et provoquent une réaction inflammatoire locale, à l’origine de douleurs intenses et parfois d’adhérences entre organes (INSERM, 2023).

Les raisons de cette pathologie restent partiellement élucidée. Plusieurs hypothèses sont avancées, notamment la menstruation rétrograde (migration de cellules endométriales par les trompes dans la cavité pelvienne), la métaplasie coelomique (transformation de cellules péritonéales en tissu endométrial), ou des facteurs génétiques et immunologiques favorisant la persistance de ces cellules à l’extérieur de l’utérus (OMS, 2022).
Des perturbations du système immunitaire empêcheraient leur élimination, contribuant à la chronicité et à la progression de la maladie (The Lancet, 2021).

Trois formes principales sont décrites :

Endométriose superficielle, où les lésions touchent la surface du péritoine.

Endométriose ovarienne, formant des kystes appelés endométriomes.

Endométriose profonde, où les lésions infiltrent en profondeur les organes pelviens (HAS, 2024).

Ces formes peuvent coexister et ne reflètent pas toujours la sévérité des symptômes.


Sur le plan clinique, les symptômes varient d’une femme à l’autre.

Les plus fréquents sont les douleurs pelviennes cycliques, les règles très douloureuses (dysménorrhée), les douleurs pendant les rapports (dyspareunie) et parfois des troubles digestifs ou urinaires selon la localisation des lésions (INSERM, 2023). Environ 30 à 40 % des femmes atteintes présentent des difficultés à concevoir (OMS, 2022).

Sur le plan épidémiologique, l’endométriose concerne environ 10 % des femmes en âge de procréer dans le monde, soit près de 190 millions de femmes (OMS, 2022).
En France, cela représente environ 1,5 à 2,5 millions de femmes (Santé publique France, 2023).

L’âge moyen du diagnostic se situe entre 25 et 35 ans, souvent après plusieurs années d’errance médicale (INSERM, 2023).
Cette prévalence est stable, mais la sensibilisation croissante et les progrès du diagnostic, notamment par imagerie, ont entraîné une hausse du nombre de cas identifiés (HAS, 2024).

L’endométriose a un impact majeur sur la santé physique, psychologique et sociale, justifiant les politiques publiques récentes visant à améliorer le dépistage, la prise en charge et la recherche sur cette maladie (Santé publique France, 2023).

Conséquences biologiques et physiopathologiques

L’endométriose est caractérisée par la présence anormale de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine, principalement dans le pelvis (INSERM, 2023). Ces cellules, semblables à celles de la muqueuse utérine, réagissent aux variations hormonales du cycle menstruel : elles prolifèrent, saignent puis provoquent une réaction inflammatoire locale (OMS, 2022).
Cette inflammation chronique entraîne une libération continue de cytokines, de prostaglandines et de facteurs de croissance, qui irritent les tissus environnants et favorisent la formation de fibrose et d’adhérences entre les organes (Revue The Lancet, 2021).

Au niveau cellulaire, on observe une altération de la communication entre cellules immunitaires et cellules endométriales : le système immunitaire ne reconnaît plus ces tissus ectopiques comme anormaux, ce qui permet leur survie et leur implantation (INSERM, 2023). Parallèlement, un stress oxydatif important se développe dans les zones atteintes, endommageant les membranes cellulaires et accentuant la douleur et l’inflammation (Revue Nature Reviews Endocrinology, 2022).

Sur le plan nerveux, la libération continue de médiateurs inflammatoires sensibilise les fibres nerveuses périphériques. Ce phénomène, appelé sensibilisation périphérique, peut évoluer vers une sensibilisation centrale, où le système nerveux devient hypersensible à la douleur (HAS, 2024). Cette modification neurobiologique explique la persistance des douleurs pelviennes même en dehors des menstruations.

Conséquences hormonales et métaboliques

L’endométriose est une maladie hormono-dépendante, principalement influencée par les œstrogènes.

Les tissus ectopiques produisent eux-mêmes des œstrogènes grâce à une enzyme, l’aromatase, qui est anormalement exprimée dans ces lésions (INSERM, 2023). Ce phénomène auto-entretenu stimule la croissance des implants endométriaux, renforçant ainsi le cercle inflammatoire.

En parallèle, la progestérone, hormone censée réguler l’effet des œstrogènes, perd en efficacité à cause d’une résistance à la progestérone dans les cellules atteintes (Revue Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 2022). Ce déséquilibre œstrogène/progestérone maintient un état d’hyperprolifération et d’inflammation.

Ces perturbations hormonales peuvent aussi influencer le métabolisme énergétique et la régulation de l’appétit, via des interactions avec la leptine et la ghréline, hormones impliquées dans la gestion du poids et de la satiété (Santé publique France, 2023). Certaines études montrent également un risque accru de résistance à l’insuline et de syndrome métabolique chez certaines patientes (Revue Human Reproduction Update, 2021).

Interactions systémiques

Les mécanismes inflammatoires et hormonaux de l’endométriose créent un cercle vicieux physiologique.
L’inflammation stimule la production locale d’œstrogènes, qui à leur tour amplifient la prolifération des tissus ectopiques et la libération de cytokines (INSERM, 2023). Cette boucle favorise la persistance de la maladie et la chronicisation des douleurs.

De plus, l’inflammation chronique et le stress oxydatif peuvent perturber le fonctionnement du système immunitaire global, rendant l’organisme plus vulnérable à d’autres troubles inflammatoires (OMS, 2022). Les interactions avec le système nerveux central expliquent aussi l’apparition fréquente de fatigue chronique, de troubles du sommeil et de symptômes anxieux (Revue Pain, 2020).

Enfin, au niveau reproductif, les adhérences et les désordres hormonaux perturbent l’ovulation et la fécondation, entraînant dans certains cas une infertilité (HAS, 2024). Ainsi, l’endométriose agit à plusieurs niveaux — cellulaire, hormonal et systémique — en installant un déséquilibre global du corps, à la fois biologique et fonctionnel.

Mécanismes principaux du blocage métabolique :

• Dépense énergétique réduite : L’inflammation chronique liée aux lésions endométriales augmente la fatigue et la douleur, ce qui réduit l’activité physique spontanée et donc la dépense calorique quotidienne (OMS, 2022).

• Déséquilibre hormonal : Les œstrogènes produits localement et la résistance à la progestérone perturbent la régulation de la leptine et de la ghréline, hormones contrôlant la satiété et l’appétit. Cela peut favoriser une augmentation de l’appétit ou des fringales (Santé publique France, 2023).

• Résistance à l’insuline : Certaines patientes présentent un risque accru de résistance à l’insuline, ce qui favorise le stockage des graisses et rend plus difficile la perte de poids malgré l’alimentation et l’exercice (Human Reproduction Update, 2021).

• Modification de la composition corporelle : L’inflammation et le stress oxydatif peuvent entraîner une perte musculaire progressive et un stockage accru de graisse, réduisant le métabolisme basal (INSERM, 2023).

Conséquences pratiques sur la perte de poids :

Malgré un régime équilibré et de l’activité physique, la perte de poids peut être lente ou stagnante.

Les fringales ou l’appétit augmenté rendent la gestion alimentaire plus difficile.

La fatigue chronique et la douleur réduisent la motivation pour l’exercice régulier.

Certaines patientes peuvent constater une prise de poids ciblée sur l’abdomen ou les hanches, même avec un contrôle calorique strict.

Schématisation simplifiée du cercle vicieux :

1↓: Endométriose → inflammation locale et production d’œstrogènes ectopiques

2↓: Déséquilibre hormonal (progestérone, leptine, ghréline) et résistance à l’insuline

3↓: Métabolisme ralenti et stockage accru de graisses

4↓: Difficulté à perdre du poids malgré efforts alimentaires et physiques

5↓: Frustration et baisse de motivation

6↓: Maintien ou aggravation du trouble métabolique et inflammatoire

Ces stratégies sont spécifiques à l’endométriose et basées sur des données scientifiques, en tenant compte des mécanismes de blocage métabolique (inflammation, déséquilibre hormonal, résistance à l’insuline) et des conséquences pratiques sur la perte de poids.

Recommandations alimentaires

Privilégier les aliments anti-inflammatoires : fruits et légumes colorés, poissons gras (saumon, maquereau), oléagineux, légumineuses (OMS, 2022).

Limiter les aliments pro-inflammatoires : sucres raffinés, charcuterie, fritures, produits ultra-transformés (Santé publique France, 2023).

Fractionner les repas : 3 repas principaux + 1-2 collations saines pour stabiliser la glycémie et réduire les fringales (INSERM, 2023).

• Augmenter les apports en protéines maigres : poulet, œufs, tofu, légumineuses pour préserver la masse musculaire et soutenir le métabolisme basal (Human Reproduction Update, 2021).

Hydratation régulière : tout en limitant les boissons sucrées et alcoolisées (HAS, 2024).

Gestion des fringales : avoir des snacks riches en fibres et protéines à portée de main (fruits secs, yaourt nature, légumes croquants) pour éviter les excès alimentaires (INSERM, 2023).

Adaptations pour l’activité physique

Exercices réguliers : activité physique adaptée selon les recommandations (OMS, 2022).

• Renforcement musculaire : 2-3 séances par semaine pour soutenir la masse musculaire (Human Reproduction Update, 2021).

Éviter les exercices à impact élevé si douleur pelvienne importante ou exacerbation des symptômes (INSERM, 2023).

• Accompagnement par un professionnel en APA (HAS)

Hygiène de vie globale

• Sommeil suffisant : 7-9 h par nuit, régulier, pour soutenir le métabolisme et réduire le stress hormonal (OMS, 2022).

Gestion du stress : méditation, respiration, activités relaxantes pour limiter l’inflammation et l’appétit émotionnel (Santé publique France, 2023).

Routines quotidiennes actives : monter les escaliers, courtes marches… Pour augmenter la dépense énergétique globale sans fatiguer (HAS, 2024).

Suivi régulier : journal alimentaire et activité physique pour ajuster les stratégies selon la réponse individuelle (INSERM, 2023)

Références : (ouvrir les références)

Haute Autorité de Santé. (2024). Endométriose : diagnostic et prise en charge. HAS.
INSERM. (2023). Endométriose : comprendre la maladie. Inserm.fr.
Organisation mondiale de la Santé. (2022). Endometriosis. WHO.int.
Santé publique France. (2023). Endométriose : enjeux de santé publique. Santepubliquefrance.fr.
The Lancet. (2021). Endometriosis: pathogenesis and treatment overview. The Lancet, 397(10277), 1464–1478.
Haute Autorité de Santé. (2024). Endométriose : recommandations de prise en charge.
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). (2023). Comprendre l’endométriose : données scientifiques et mécanismes physiopathologiques.
Organisation Mondiale de la Santé (OMS). (2022). Endometriosis: key facts.
The Lancet. (2021). “Pathophysiology and systemic impact of endometriosis.”
Nature Reviews Endocrinology. (2022). “Oxidative stress and immune dysfunction in endometriosis.”
Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. (2022). “Progesterone resistance in endometriosis: molecular mechanisms.”
Human Reproduction Update. (2021). “Metabolic alterations and insulin resistance in endometriosis.”
Pain. (2020). “Central sensitization and chronic pain in endometriosis.”
Santé publique France. (2023). Troubles hormonaux et métaboliques associés à l’endométriose.
HAS. (2024). Endométriose : recommandations de prise en charge.
Human Reproduction Update. (2021). Endometriosis and metabolic syndrome risk.
INSERM. (2023). Endométriose : état des connaissances.
OMS. (2022). Endometriosis: global report on women’s health.
Santé publique France. (2023). Hormones et régulation de l’appétit.
The Lancet. (2021). Pathophysiology of endometriosis.