Catégorie : Pathologies & Prévention
Définition et caractéristiques de la Sclérose en plaques
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique chronique qui touche le système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Elle constitue la première cause de handicap non traumatique chez les jeunes adultes en France (INSERM, 2023). Reconnue comme une maladie inflammatoire et auto-immune, elle représente un enjeu majeur de santé publique par sa fréquence, son impact fonctionnel et ses conséquences sur la qualité de vie (HAS, 2024).
Sur le plan physiopathologique, la sclérose en plaques se caractérise par une atteinte de la myéline, la gaine protectrice entourant les fibres nerveuses. Cette myéline permet la transmission rapide et coordonnée des messages nerveux.
Dans la SEP, le système immunitaire s’attaque par erreur à cette gaine, provoquant une inflammation et une démyélinisation (perte de myéline) (OMS, 2022). Les zones lésées, appelées plaques de démyélinisation, ralentissent ou bloquent la conduction de l’influx nerveux, ce qui perturbe la communication entre le cerveau et le reste du corps (INSERM, 2023).
La maladie évolue par poussées (phases de symptômes neurologiques nouveaux ou aggravés) suivies de rémissions (amélioration partielle ou complète). Dans certaines formes, la récupération devient incomplète au fil du temps, entraînant une accumulation progressive du handicap (HAS, 2024). Avec l’évolution, la démyélinisation chronique peut s’accompagner d’une dégénérescence axonale (atteinte irréversible des neurones), responsable des troubles moteurs, sensoriels et cognitifs.
Plusieurs formes cliniques sont décrites :
• SEP rémittente-récurrente (SEP-RR) : alternance de poussées et de rémissions, la plus fréquente (85 % des cas).
• SEP secondairement progressive (SEP-SP) : aggravation progressive après une phase rémittente.
• SEP primaire progressive (SEP-PP) : progression continue sans rémission initiale (10 à 15 % des cas) (HAS, 2024).
Les symptômes varient selon la localisation des plaques dans le système nerveux. Ils peuvent inclure des troubles visuels (névrite optique), une faiblesse musculaire, des troubles de l’équilibre ou de la coordination, des fourmillements, des troubles urinaires, ou des difficultés cognitives (mémoire, attention) (Santé publique France, 2023). Leur apparition est souvent imprévisible et leur intensité variable d’un individu à l’autre.
L’origine exacte de la SEP reste multifactorielle. Des facteurs génétiques, tels que certains gènes du système HLA, augmentent la susceptibilité, mais la maladie n’est pas héréditaire au sens strict (The Lancet, 2021). Des facteurs environnementaux interviennent aussi : infection par le virus Epstein-Barr (EBV), déficit en vitamine D, tabagisme, et latitude élevée (moins d’exposition solaire) (OMS, 2022). Ces éléments interagissent avec le système immunitaire, déclenchant une réponse auto-immune anormale.
Sur le plan épidémiologique, la sclérose en plaques touche environ 120 000 personnes en France, avec environ 4 000 à 5 000 nouveaux cas par an (Santé publique France, 2023). Elle apparaît le plus souvent entre 20 et 40 ans et concerne trois femmes pour un homme (INSERM, 2023). La prévalence augmente légèrement depuis deux décennies, probablement en raison d’un meilleur diagnostic et d’une survie accrue (HAS, 2024). En Europe, la SEP affecte environ 1 personne sur 1 000, avec des variations selon les régions (OMS, 2022).
Bien qu’il n’existe pas encore de traitement curatif, les progrès thérapeutiques récents — notamment les traitements immunomodulateurs et immunosuppresseurs — permettent de réduire la fréquence des poussées, de ralentir la progression du handicap et d’améliorer la qualité de vie (The Lancet, 2021). La prise en charge associe également rééducation, soutien psychologique et éducation thérapeutique pour favoriser l’autonomie et l’adaptation au quotidien (HAS, 2024).
En résumé, la sclérose en plaques est une maladie complexe du système nerveux central, à la fois inflammatoire et dégénérative, dont la compréhension et la prise en charge ont considérablement progressé. La recherche se concentre aujourd’hui sur la neuroprotection et la remyélinisation, avec l’espoir de freiner voire d’inverser le processus pathologique (INSERM, 2023).
Impacte de la Sclérose en plaques sur la santé
▬ Conséquences biologiques et physiopathologiques
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire chronique du système nerveux central caractérisée par la démyélinisation et la dégénérescence axonale (INSERM, 2023). Elle résulte d’une réaction auto-immune où les lymphocytes T et B attaquent la gaine de myéline des neurones, perturbant la transmission de l’influx nerveux.
Cette perte de myéline altère la conduction électrique le long des axones, provoquant un ralentissement ou un blocage des signaux nerveux (HAS, 2024). Les zones de démyélinisation, appelées plaques, sont visibles à l’imagerie cérébrale et médullaire. La dégénérescence secondaire des axones entraîne une perte irréversible de neurones, responsable du handicap progressif.
Sur le plan neurobiologique, l’inflammation chronique active la microglie et libère des cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-1β, IL-6), ce qui entretient le dommage tissulaire (OMS, 2022). Le stress oxydatif et la toxicité des radicaux libres contribuent à la mort neuronale. La réparation partielle par les oligodendrocytes peut restaurer temporairement la conduction, expliquant les phases de rémission observées dans la forme rémittente-récurrente (Santé publique France, 2023).
▬ Conséquences neurologiques et fonctionnelles
Les manifestations dépendent de la localisation des lésions. Les atteintes du cerveau et de la moelle épinière provoquent des troubles moteurs (faiblesse, spasticité), sensitifs (paresthésies, douleurs neuropathiques) et visuels (névrite optique). Les troubles de la coordination, de la marche et de l’équilibre sont fréquents (INSERM, 2023).
La maladie altère aussi les fonctions cognitives : attention, mémoire de travail et vitesse de traitement de l’information peuvent être diminuées (HAS, 2024). Ces troubles cognitifs résultent d’une déconnexion entre régions corticales et sous-corticales. Les perturbations du sommeil, la fatigue chronique et les douleurs neuropathiques contribuent à la baisse de la performance cognitive et de la qualité de vie (OMS, 2022).
Les troubles sphinctériens (vessie hyperactive, rétention urinaire) et sexuels sont fréquents, traduisant une atteinte des voies nerveuses médullaires. Dans les formes progressives, la perte axonale s’aggrave, rendant le handicap moteur et cognitif irréversible (Santé publique France, 2023).
▬ Conséquences hormonales et métaboliques
La SEP implique une rupture de la tolérance immunitaire : les lymphocytes autoréactifs traversent la barrière hémato-encéphalique et attaquent les antigènes de la myéline (INSERM, 2023). L’équilibre entre lymphocytes pro-inflammatoires (Th1, Th17) et régulateurs (Treg) est rompu. Cette dysrégulation immunitaire chronique provoque une inflammation persistante du système nerveux central.
Les hormones influencent cette réponse : les œstrogènes et la progestérone exercent un effet immunomodulateur protecteur, expliquant la baisse d’activité de la maladie pendant la grossesse et son rebond post-partum (HAS, 2024). Le cortisol, hormone du stress, peut également moduler la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique et l’activité immunitaire, renforçant la vulnérabilité aux poussées (OMS, 2022).
▬ Interactions systémiques
La sclérose en plaques ne se limite pas au système nerveux central. L’inflammation chronique perturbe le métabolisme énergétique, favorisant la fatigue et la sarcopénie. Le stress oxydatif systémique peut affecter d’autres organes, notamment par un déséquilibre entre production de radicaux libres et mécanismes antioxydants (INSERM, 2023).
La limitation de la mobilité entraîne un déconditionnement physique, une perte de masse musculaire et une augmentation du risque cardiovasculaire. La dépression et l’anxiété, fréquentes, découlent de la neuroinflammation et des atteintes des circuits dopaminergiques et sérotoninergiques (HAS, 2024). Enfin, l’interaction entre facteurs psychologiques, neurobiologiques et immunitaires crée un cercle vicieux entre inflammation, fatigue et troubles cognitifs.
Ainsi, la SEP est une pathologie systémique à expression neurologique dominante, où inflammation, démyélinisation et dégénérescence neuronale s’autoentretiennent. Sa prise en charge requiert une approche pluridisciplinaire intégrant traitement immunomodulateur, rééducation et soutien psychologique.
Les obstacles de la Sclérose en plaques sur la perte de poids
▬ Mécanismes principaux du blocage métabolique :
• Dépense énergétique réduite par la sédentarité forcée
→ La fatigue intense, les troubles moteurs et la spasticité limitent l’activité physique, diminuant la quantité de calories brûlées chaque jour (INSERM, 2023).
→ Moins de mouvement = moins de dépense énergétique, même si l’alimentation reste identique (HAS, 2024).
• Inflammation chronique et dérèglement hormonal
→ L’inflammation active en continu le système immunitaire, ce qui perturbe la régulation de l’insuline et des hormones de satiété comme la leptine (OMS, 2022).
→ Cette inflammation chronique favorise la résistance à l’insuline et le stockage des graisses, notamment abdominales (Santé publique France, 2023).
• Altération du métabolisme musculaire
→ La démyélinisation réduit le contrôle moteur, ce qui accélère la perte de muscle (sarcopénie).
→ Or, le muscle est le principal “brûleur de calories” du corps : sa fonte réduit le métabolisme de base (INSERM, 2023).
• Rôle du cortisol et du stress chronique
→ Le stress lié à la maladie augmente la production de cortisol, hormone qui favorise la rétention d’eau, la fatigue et le stockage graisseux (HAS, 2024).
▬ Conséquences pratiques sur la perte de poids :
• Fatigue chronique : rend difficile toute régularité dans l’activité physique.
• Mobilité réduite : rend les gestes simples (marcher, monter des escaliers, cuisiner) plus coûteux et décourageants.
• Prise de médicaments corticoïdes : favorise la rétention d’eau et la prise de masse grasse.
• Métabolisme ralenti : la perte de poids devient lente, malgré une alimentation adaptée.
• Moral fluctuant : la frustration accentue parfois les grignotages émotionnels.
▬ Schématisation simplifiée du cercle vicieux :
1↓: Inflammation du système nerveux → fatigue, douleurs et ralentissement moteur
2↓: Baisse de mobilité → perte musculaire et ralentissement du métabolisme
3↓: Résistance hormonale (insuline, cortisol) → stockage de graisses accru
4↓: Prise de poids → aggravation de la fatigue, des douleurs et du stress
5↓: Frustration et sédentarité renforcée → entretien du déséquilibre métabolique et hormonal
Les stratégies pour favoriser la perte de poids en cas de Sclérose en plaques
Les stratégies de perte de poids chez les personnes atteintes de sclérose en plaques doivent tenir compte de la fatigue, de la mobilité réduite et de l’inflammation chronique. L’objectif n’est pas une perte rapide, mais un équilibre global visant à préserver la masse musculaire, réguler l’énergie et réduire les poussées inflammatoires (INSERM, 2023 ; HAS, 2024).
▬ Recommandations alimentaires
• Favoriser une alimentation anti-inflammatoire : fruits, légumes colorés, poissons gras (saumon, sardine), noix et huile d’olive → riches en oméga-3 et antioxydants (OMS, 2022).
• Limiter les produits ultra-transformés et les graisses saturées : charcuterie, pâtisseries, plats industriels → réduisent l’inflammation systémique (Santé publique France, 2023).
• Consommer suffisamment de protéines : viande maigre, œufs, légumineuses → entretien du muscle et du métabolisme (INSERM, 2023).
• Réduire les sucres rapides : sodas, viennoiseries → évitent les pics d’insuline et le stockage de graisse abdominale (HAS, 2024).
• Fractionner les repas (4–5/jour) : aide à gérer la fatigue et stabilise la glycémie, surtout en cas de baisse d’activité (OMS, 2022).
• Hydratation adaptée (1,5–2 L/jour) : soutient la fonction rénale et limite les effets secondaires de certains traitements (INSERM, 2023).
▬ Adaptations pour l’activité physique
• Prioriser la régularité plutôt que l’intensité : séances courtes et fréquentes pour préserver l’énergie (HAS, 2024).
• Exercices recommandés : renforcement musculaire , natation, vélo d’appartement, marche assistée ou aquagym → entretiennent le tonus sans épuiser (OMS, 2022).
• Travail de souplesse et d’équilibre : yoga, Pilates, étirements pour limiter la spasticité et améliorer la posture (INSERM, 2023).
• Adapter selon la fatigue : alterner jours actifs et jours de repos complet pour éviter le surmenage (Santé publique France, 2023).
• Accompagnement par un professionnel en APA : indispensable pour ajuster la charge et prévenir les chutes (HAS, 2024).
▬ Hygiène de vie globale
• Sommeil réparateur (7–9 h/nuit) : favorise la récupération neurologique et limite les fringales hormonales (INSERM, 2023).
• Gestion du stress : méditation, sophrologie ou cohérence cardiaque → baisse du cortisol et amélioration du moral (Santé publique France, 2023).
• Écouter la fatigue : planifier les activités aux moments de la journée où l’énergie est maximale (HAS, 2024).
• Soutien psychologique : aide à limiter les grignotages émotionnels et à maintenir la motivation (The Lancet Neurology, 2021).
• Suivi pluridisciplinaire : coordination essentielle pour stabiliser le poids et l’inflammation (OMS, 2022).
Cette publication n’est pas exhaustive et chaque prise en charge doit être individualisée.
Veilliez à être accompagné dans votre perte de poids par le professionnel de santé adapté.
Références : (ouvrir les références)
Haute Autorité de Santé (HAS). (2024). Recommandations de prise en charge de la sclérose en plaques.
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). (2023). Fiche maladie : sclérose en plaques.
Organisation Mondiale de la Santé (OMS). (2022). Multiple sclerosis: key facts.
Santé publique France. (2023). Données épidémiologiques sur la sclérose en plaques en France.
The Lancet. (2021). “Multiple sclerosis: pathogenesis, diagnosis, and treatment update.” The Lancet Neurology, 20(12), 1025–1038.
INSERM. (2023). Sclérose en plaques : mécanismes physiopathologiques et approches thérapeutiques.
Haute Autorité de Santé (HAS). (2024). Recommandations sur la prise en charge de la sclérose en plaques.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). (2022). Multiple sclerosis: global epidemiology and health impact.
Santé publique France. (2023). Sclérose en plaques : données de surveillance et prévention.
Haute Autorité de Santé. (2024). Sclérose en plaques : recommandations de suivi et de prise en charge globale.
Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). (2023). Neuroinflammation, métabolisme et sclérose en plaques.
Organisation mondiale de la santé (OMS). (2022). Neurological diseases and metabolic dysfunction.
Santé publique France. (2023). Conséquences métaboliques et hormonales de la sclérose en plaques.
Haute Autorité de Santé. (2024). Recommandations de prise en charge de la sclérose en plaques.
INSERM. (2023). Sclérose en plaques : physiopathologie et approches métaboliques.
Organisation Mondiale de la Santé. (2022). Lifestyle management in neurological diseases.
Santé publique France. (2023). Alimentation, activité physique et inflammation chronique.
The Lancet Neurology. (2021). Inflammation, fatigue and metabolic dysfunction in multiple sclerosis.
